La prohibition américaine : une loi fédérale complexe (1918-1934)

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Au lendemain de la Première Guerre mondiale de 1914-1918, les États-Unis sont dans une crise morale et économique donnant naissance à une période d’insouciance appelée «The Roaring Twenties» traduit en français par «Les Années Folles». Cette période est une réaction à une politique conservatrice du nouveau président républicain Harding, qui impose une interdiction totale sur la consommation d’alcool

aux États-Unis. Au Canada, les prohibitionnistes soutiennent l’idée qu’une loi sévère contre l’alcoolisme forcerait les immigrants à se conformer aux normes morales de la société. Dès 1918, la prohibition devient peu à peu un projet politique intégrant les conflits sociaux et la lutte au socialisme, considérés comme le résultat de l’alcoolisme par les conservateurs américains.

Avec l’adoption du 18e amendement de la Constitution américaine le 17 décembre 1917 soutenue par les mouvements «secs» du Congrès des États-Unis, la nouvelle loi fédérale est instaurée le 29 janvier 1919 pour tous les États américains. C’est la Volstead Act qui donne naissance à la Prohibition, une restriction absolue sur la vente, la consommation et la production d’alcool et tout produit à base d’alcool pour l’industrie, la santé, la conservation alimentaire, qui indique clairement que«La prohibition interdit la fabrication, la vente ou le transport de produits spiritueux à l’intérieur des États-Unis et de tous les territoires soumis à la juridiction de ces États, ainsi que leur importation ou leur exportation».

Cette loi «sec» a politiquement pour but de contrôler légalement les milieux émigrants et ouvriers, ne développant aucune perpective économique au sein de la société américaine. Mais avec cette prohibition «sec» , les différentes pègres américaines vont imposées une contrebande d’alcool avec leurs Bootleggers, ces contrebandiers qui se ravitaillent au Québec, où la distillation est parfaitement légale. Une véritable organisation du crime se développe autour du trafic d’alcool aux États-Unis. À partir de ce moment-là, dans bien des régions du Québec, comme dans les Cantons de l’Est, de nombreuses distilleries artisanales voient le jour. La « bagosse » entre officiellement dans l’histoire de la contrebande québécoise. Les autorités sont alors confrontées à un nouveau phénomène.

Le gouvernement du Québec adopte une solution marginale, le 1er mars 1921, en régissant le commerce de l’alcool, avec la création de la Commission des Liqueurs du Québec ayant sa propre police, dite «des Liqueurs».